Remise du Prix Lémovice lors de l'assemblée générale du 7 octobre 2012. De gauche à droite : Robert
Chanaud (président), Évelyne Proust (trésorière), Yaniv Arroua, Philippe Grandcoing et Stéphane Frioux (membres du conseil d'administration).
Résumé de la communication de Y. Arroua lors de l'assemblée générale
________
L’intervention était centrée sur les différentes étapes de la vie jazzistique du Limousin, dans un éventail chronologique conscrit entre deux dates essentielles, 1925 et
1994.
D’abord
la naissance du premier groupe spécialisé dans le jazz, mené par Jean Marcland, penseur du jazz local ; puis la fondation du club Jazz 23 à Guéret. Entre ces deux événements, l’histoire du jazz en Creuse
et en Haute-Vienne fut dynamique et riche ; c’est pourquoi le mémoire embrasse, chronologiquement et thématiquement, toutes les évolutions du jazz, depuis son importation, via son accommodement aux traditions locales, son développement
(grâce à la radio et au disque) jusqu’à sa large diffusion au sein de la région. Plusieurs problématiques sous-jacentes à celle, plus globale, d’importation : les réseaux, les circulations et les
acteurs.
Partant
de là, les archives les plus conséquentes pour ce travail sont composées de témoignages oraux des différents protagonistes. Parmi les « incontournables » de la région, Jean-Marie Masse (président-fondateur
du Hot club de Limoges en 1948, toujours actif) est celui qui a cristallisé l’ancrage du jazz, certes tardif mais pérenne, tant dans sa partie pratique que dans ses aspects théoriques. À
l’image du reste du pays (le jeu d’échelle est également un point essentiel de l’analyse), la Creuse (éphémèrement après la Seconde Guerre mondiale) puis la Haute-Vienne se dotent d’associations
de jazz qui structurent la pratique et permettent d’organiser régulièrement des concerts. C’est ce club, où Jean-Marie Masse fédère un certain nombre de jazzophiles (certains deviennent des instrumentistes confirmés),
qui fournit à Limoges et ses alentours une programmation riche en événements divers (concerts, causeries, écoutes de disques, projections). Au sommet de son activité, Limoges devient un haut lieu national du jazz dans les
années 1970, jusqu’à son essoufflement – relatif – à la fin des années 1980 (qui concorde avec la création d’une radio associative consacrée au jazz).
Il s’agissait en outre distinguer les concerts
qui ont marqué le public, très réceptif, autant en Creuse qu’en Haute-Vienne : Lionel Hampton en 1955, Duke Ellington en 1964 et d’autres grands noms ont fédéré bon nombre de Limousins. Sans oublier
que le Hot club de Limoges s’est impliqué, depuis 1947, dans un combat idéologique divisant traditionnalistes (défenseurs d’un jazz traditionnel dont Jean-Marie Masse) et modernistes (défendant les diverses tendances
du jazz apparues après 1945, be-bop et déclinaisons). Depuis les années 1950, la Haute-Vienne a ainsi connu un développement élargi des styles New-Orleans, gospel, swing, etc. mais n’a pas pour autant boudé,
dès les années 1970, le jazz dit « moderne ». En résumé, le jazz s’est développé de façon tentaculaire autour de l’association limougeaude, selon une courbe continue, tandis
que le dynamisme jazzistique de la Creuse, plus sporadique, dessinait une courbe en dents de scie.
Y. Arroua