Histoire de la famille
Sommaire de cette page (contenus les plus récents en tête) :
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Projets de contributions (septembre 2017, octobre 2018)
COUSSEAU Vincent
Le parrainage
DANTHIEUX Dominique
Les politiques sociales de la famille (fin XIXe-milieu du XXe s.)
GLOMOT David
Frérèches, comparsonneries, familles élargies et autres "communautés de survie" à la fin du Moyen Age en Haute-Marche (plus particulièrement dans les zones les plus défavorisées)
KIENER Michel
Identité professionnelle, identité sociale : Le milieu artisan de Limoges à la Belle Époque.
La forte croissance démographique et économique du Limoges industriel de 1900 entraine l’ouverture de nombreux chantiers de construction, qui voient se multiplier les artisans spécialisés et s’inventer un milieu d’ « entrepreneurs » liés au bâtiment. Endogamie professionnelle, promotion sociale, solidarités familiales, quels sont les contours de ce milieu resté jusqu’à présent en marge de la recherche, en dépit de son importance ?
LARIGAUDERIE Martine
Population et pratique nuptiale à Saint-Sylvestre
LESTIEUX Nicolas
Des familles dans la « famille de l’évêque » : premières approches sur la Maison de l’évêque de Limoges, XVIe-XVIIe siècle
MANGAUD Agnès
La famille bouchère en Haute-Vienne durant les Trente Glorieuses (1945-1974)
PERRIERE Emmanuelle
Une famille de vassaux des vicomtes de Rochechouart de 1260 à 1388 : les Prunh
REMY Christian
Je pourrais envisager un article sur la construction mémorielle de la famille (XIe-XVIe siècles) : élaboration d'ancêtres illustres, légendes familiales.
Mais en fonction de l'architecture de l'ouvrage, je pourrais développer un sujet entrant dans l'un des grands sous-thèmes émergeant des travaux du groupe. En gros, je m'inscris plutôt dans la famille verticale (les rapports entre générations) plutôt que dans la famille horizontale (composition, relations internes, for privé).
TANDEAU
DE MARSAC Martine
L'endogamie papetière au XVIIIe s.
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Bilan historiographique
présenté lors de l'assemblée générale du 2 octobre 2016
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NB. Les textes qui suivent étaient destinés à un exposé oral ; ils sont présentés ici sans souci rédactionnel particulier.
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Catherine Faure-Delhoume
1/ La famille au Moyen Age
L'histoire de la famille a longtemps été considérée comme mineure, se limitant à celle des "grandes familles", qui avaient été souvent les seules à laisser des documents (livres de familles, généalogies, blasons...) et qui étaient étudiés par le biais de généalogies et d’archives privées, sans réflexion générale sur l’évolution de la famille.
1) La famille au MA: état de la question
A partir des années 1950 pourtant, c’est la démographie historique qui innove le plus en la matière, en mettant au point une méthode rigoureuse de «reconstitution des familles » à partir des actes notariés et autres registres paroissiaux gardant la marque des naissances, des mariages et des décès. Cette analyse des familles ne se fait plus, cependant, à la manière des généalogistes, mais avec un souci quantitatif et statistique permettant d’appréhender la famille de façon nouvelle, dans sa dimension démographique, révélatrice de réalités jusqu’alors ignorées. Cette véritable redécouverte de la famille, qui va continuer à animer les démographes pendant plusieurs décennies, va largement contribuer à rendre cet objet de recherche attrayant et valable pour les historiens et à nourrir leurs propres contributions par la suite.
Les médiévistes privés de la richesse des registres paroissiaux, ont étudié les recensements fiscaux. En 1978, paraît Les Toscano et leurs familles, une étude du catasto florentin de 1427, dans lequel C. Klapisch-Zuber et D. Herlihy scrutent plus de 60000 foyers. Cet ouvrage représente l'aboutissement d'une longue tradition d'histoire sérielle mais en même temps fait le constat des limites du quantitatif et annonce le passage à une histoire des relations intrafamiliales. La dernière partie du livre se propose de mettre à jour le rôle social de la famille et de la parenté en faisant appel à un nouveau type de documentation : le livre de raison tenu par les marchands florentins.
Ainsi, pendant quelques dizaines d’années très fructueuses, les historiens s’efforcèrent de construire une histoire de la famille. Il faut ici faire remarquer aussi la démarche novatrice quoique marginale (en tous cas isolée de l’université) du précurseur Philippe Ariès, qui s’est intéressé à L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime dès 1960, non sans déclencher débats et polémiques, mais avec le mérite d’imposer ainsi un nouveau champ de recherche et de nouvelles méthodes d’investigation.
C'est dans les années 1970 et avec le renouveau initié par la Nouvelle Histoire que la famille émerge enfin en tant qu’objet d’étude spécifique à l’histoire, nécessaire dans le cadre de la construction d’une histoire des mentalités. Cette démarche s’est accompagnée d’une véritable révolution épistémologique déclenchée par la découverte de sources nouvelles, en particulier les actes notariés grâce à l’invention de la technique de la recomposition familiale, ou encore les journaux intimes.
A partir des années 1970, les historiens commencent à écrire une histoire des sentiments et des sensibilités, à l'intérieur de la famille, entrant dans les foyers pour débusquer les comportements affectifs des couples, les relations parents-enfants et l'éducation familiale.
Pour le MA, Didier Lett propose, dans Famille et parenté dans l’Occident médiéval Ve-XVe siècle, une synthèse de l’histoire de la famille et de la parenté au Moyen Âge, reprenant ces différents aspects1.
Son étude est découpée en quatre parties qui peuvent être quatre angles d'entrée dans notre thématique de recherches:
La première consiste en une analyse des structures de parenté. donnant une grande importance aux études portant sur l'onomastique : la circulation des noms révèle les structures de parenté.
Dans l'aristocratie du haut MA prédomine un groupe familial large appelé Sippe par les historiens allemands. Les membres d'une même génération en constituent le noyau dur. Le patrimoine ou les charges publiques sont gérés par l'ensemble des membres du groupe familial. Chaque Sippe est à la tête d'un patrimoine éparpillé et gère des domaines dans des régions très éloignées les unes des autres (Agilolfides/ Widonides...)L'appartenance à une Sippe n'empêche pas la parenté vécue d'être centrée sur le couple et les enfants. Dans les textes hagiographiques des V au IXe siècles, la famille est centrée sur parents enfants. Grands parents ou cousins font figure d'exception. L'étude du vocabulaire de parenté corrobore l'importance accordée à la famille nucléaire dans la perception de la parenté.
La manière dont se transmet le nom est révélateur de structures de parenté : au haut MA, l'individu prote un seul nom, nom qui provient autant de la branche maternelle que paternelle
A partir du Xe siècle, le lignage se substitue à la Sippe. Cette naissance du lignage est contemporaine de la territorialisation de la noblesse qui fait souche autour d'un château. On assiste à un resserrement vertical de la parenté sur le père et le fils aîné, par l'émergence de préoccupations généalogistes.
La seconde partie traite du mariage avec une attention toute particulière portée au jeu des alliances matrimoniales. Le mariage ici ne recouvre pas seulement une union entre un homme et une femme : il est aussi une alliance entre deux lignées, une modalité spécifique d’échange de biens et de transmission du patrimoine alliances et transmissions patrimoniales.
De la débouche l'étude des structures familiales observant la taille des familles et leur évolution, étudiant les modes de résidence, d'exploitation et de propriété.
Depuis les travaux de Peter Laslett (groupe de Cambridge), les historiens affirment que la très grande majorité des familles était composée soit du couple conjugal et des enfants non mariés, soit d 'un des deux parents avec ses enfants.
Les familles élargies minoritaires ont été mieux éclairées par l'historiographie. D'abord parce qu'elles ont laissé plus de place dans la documentation car elles ont souvent produit des contrats d'association signés devant notaires. ensuite parce qu'elles apparaissent en période de crise, moment qui a toujours attiré l'attention des historiens qui ont mis en évidence les frérèches, comparsonnerie...
Le troisième axe d’analyse reprend la question des interactions affectives qui se nouent entre les membres d’une même famille ou d’une même lignée.
C'est une voie en pleine évolution : relations père/fils; relations frères-sœurs, relations dans le couple, illégitimité/ infanticide...
d'après les réflexions de J.F. Boyer, Christian Remy et Th. Schneider
2) Sources et Travaux pour le Limousin
Le travail essentiel assuré par les généalogistes de notre région qui, depuis au moins 30 ans, ont développé une masse de restitutions de filiations, avec renvoi systématique aux sources, tout à fait précieuse. Ces travaux des GLM (Généalogies limousines et marchoises2) ou AGL (Amitiés Généalogiques du Limousin) sont tout à fait majeurs.
1) généalogie/ prosopographie
191 familles nobles ou notables du Limousin et de la Marche ont été publiées, (malheureusement pas toutes depuis le Moyen Age faute de sources, mais c'est une somme indispensable et irremplaçable. Voici l'adresse de la page que lui a consacrée un des co-auteurs : http://www.blignieres.fr/glm.php. Le vingtième volume à paraitre en octobre comporte notamment les Maledent de Limoges connus depuis 1317).
Si l'aspect généalogique n'est pas suffisant pour écrire l'histoire des familles, la généalogie est une clé importante pour comprendre bien des aspects de leur fonctionnement et de leur prestige.
Pour le haut MA, Les travaux de Settipani sont évidemment importants même on peut rester parfois assez dubitatif sur certaines généalogies proposées, non que l'on ait forcément des éléments objectifs
pour les dénoncer, mais plutôt parce que les "intuitions" ou les rapprochements onomastiques qui ont permis de les construire ne constituent pas des preuves. Mais peut-on faire autrement ?
Il faut bien convenir aussi que ces documents ne concernent généralement que des lignages importants (c'est plus ou moins vrai pour tout le MA).
Même la recherche universitaire (Martin Aurell, directeur actuel du CESCM) s'intéresse à la généalogie dans sa dimension historique (et pas seulement avec une approche anthropologique). Finalement, la prosopographie, tellement prisée depuis des décennies, s'appuie elle aussi sur le contexte familial des personnages qui font carrière. On ne peut aborder les questions familiales sans bon support généalogique (et il y a des faux : par exemple, les archives de Lubersac, qui ont fait fabriquer des fausses chartes des XIIIe-XIVe s.). La collection des Fasti Ecclesiae Gallicanae est précieuse mais on reste souvent sur sa faim pour les aspects familiaux des individus, pas toujours bien identifiés.
2
) La famille peut être étudiée aussi à travers certaines sources très ciblées comme les hagiographies : on peut sans doute évoquer
la famille d'Aredius ou encore plus brièvement celle d'Eloi, Mais non seulement on risque de faire assez vite le point sur des choses souvent déjà traitées mais on doit se demander si ce sont là des familles ordinaires ?
3) Pour les sources, il faut ajouter bien sûr les livres de raison (largement publiés).
4) Pour les actes de la pratique, les documents émanant de fonds féodaux et familiaux (série E, y compris les notaires donc, et J) semblent à privilégier par rapport aux riches fonds G ou H, qui seront peut-être un peu marginaux dans cette quête. Les fonds des Cars, de Rochechouart, de Brie, de Nexon, entre autres, comprennent des pièces intéressantes. C. Remy a eu la chance de pouvoir travailler aussi sur des fonds familiaux privés (Coustin, Bonneval), qui sont aussi précieux. Mais on trouve aussi des pièces intéressantes, accidentellement, par exemple des testaments, dans les fonds ecclésiastiques.
JF Boyer a une base
de données d'environ 12 000 occurrences de noms de personnes (cela fait moins d'individus, certains sont cités plusieurs fois) allant du VIIe à la fin du Xe siècle pour l'ouest de l'Aquitaine (Poitou, Limousin, Angoumois, Saintonge,
Périgord) Il s'agit essentiellement de personnages acteurs ou témoins dans des actes (les serfs, esclaves, tenanciers résidant dans un domaine, s'ils ne sont ni acteurs, ni témoins, sont exclus). Mais c'est surtout le Poitou qui
est bien représenté. Y-a-t-il possibilité d'en faire ressortir des familles ; je l'ai un peu amorcé pour des agents subalternes (vicarii, subvicarii).
Cela peut demander de toute façon un gros travail.
5) on peut aussi utiliser les lettres de rémission
dictionnaires généalogiques ou biographiques :
Instruments de travail
Nadaud, Joseph (abbé), Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, Limoges, Vve H. Ducourtieux et Chapoulaud frères, 1856-1880, 4 vol. Certaines familles anoblies ont des origines bourgeoises au MA.
Beauchet-Filleau, Henri et Paul, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 2ndeédition, 7 t., Poitiers, Oudin (t.1 et 2), Société française d’imprimerie et de librairie (t. 3 et 4), puis Fontenay-le-Comte, Lussaud (t. 5-7) 1891-1971. Le Poitou comporte alors des enclaves en plein Limousin, autour de Mortemart, Vayres, Oradour-sur-Vayres en Haute-Vienne, Bourganeuf en Creuse, et certaines branches poitevines de familles limousines y sont traitées.
Champeval, Jean-Baptiste, Dictionnaire des familles nobles et notables de la Corrèze, Marseille, Laffitte Reprints, 1995, 2 t.
Du Boys, Auguste et Arbellot, François (abbé), Biographie des hommes illustres de l’ancienne province du Limousin, t. I., Limoges, Imprimerie Ardellier, 1854.
Poulbrière, Jean-Baptiste (abbé), Dictionnaire historique et archéologique des paroisses du diocèse de Tulle, Brive, Imprimerie Chastrusse, 2e édition, 1964, 3 t.
bibliographie
la biblio sur la famille en Limousin ds le haut MA est assez réduite, si l'on excepte qq études sur des cas particuliers. Il sera difficile de refaire qqchose comme
Pour la fin du MA en revanche, on dispose d'une grande abondance de titres au niveau national mais aussi au niveau local grâce au travail tout à fait novateur de Th. Schneider...
Claude GAUVARD,
"De grace especial", crime, Etat et société en France à la fin du Moyen Age, Paris, 1991, t. II, p. 574-662 (même pagination dans la seconde édition de 2010 en un volume). Dans ces pages, l'auteur aborde des aspects de la famille au XIVe siècle, principalement à travers les lettres de rémission.
Ducray, Jacques-Régis, Une famille de notables. Les Benoist de Limoges – XIVe et XVe siècles, mémoire de maîtrise sous la dir. d’Élisabeth Crouzet-Pavan, Université Paris IV, 2006.
travaux de M1 et M2 de Th. Schneider qui portent sur vingt des familles du patriciat de Limoges entre 1450 et 1560.
Schneider, Thomas, et Peyramaure, Renée-Paule, « Une ancienne famille de magistrats de Limoges : les Baignol », Généalogie en Limousin, bulletin des Amitiés généalogiques du Limousin, n°68, 2010, p. 36-55. Je les démarre vers 1450.
Schneider, Thomas, Quercin, Jouviond et Petiot, trois familles patriciennes du Château de Limoges 1450-1560, mémoire de M1 sous la dir. d’Anne Massoni, Université de Limoges, 2015.
Schneider, Thomas, Fortune, pouvoir, spiritualité : profils de familles patriciennes du Château de Limoges 1450-1560, mémoire de M2 sous la dir. d’Anne Massoni, Université de Limoges, 2016.
3) Quant aux approches, elles sont nombreuses :
1) la géographie de la famille (nombre de personnes), la politique matrimoniale,
2)la famille solidaire / la famille "je vous hais",
3)les réseaux familiaux, le patrimoine et sa gestion,
4)les marques d'identité d'une famille (prénom, blason, devise).
On peut travailler à l'échelle d'une famille (une monographie, patrimoine, transmission, etc) ou d'un groupe social (les familles de banquiers, les émailleurs, les officiers du roi, etc). Il y aurait de quoi interroger nos sources avec des approches actuelles : les recompositions familiales, les remariages (la marâtre !), les illégitimes, etc.
➢ l’affectif : comment envisager l’amour filial, parental, fraternel dans la famille ?
➢ le genre : Si la Gender History offre, pour l'histoire du Moyen Âge, une relecture des sources visant à mieux apprécier les relations entre les hommes et les femmes et donnant à voir une revalorisation de la place de la femme dans la société, la question de l'identité sexuée ne peut être traitée à part et doit être considérée comme un principe d'organisation qui rythme la vie sociale. Dans la société du Moyen Âge, les hommes utilisent les catégories du masculin et du féminin pour maintenir l'équilibre social et l'équilibre familial (que la femme soit veuve, moniale...).
➢ le droit : questions de la codification des héritages, des obligations légales de solidarité familiale,
➢ le corps : représentation et perception des corps des différentes entités familiales, père, mère, fils, fille, sœur, frère.
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2/ L'historiographie de la famille à l'époque moderne 3
Nicolas Lestieux
L’histoire de la famille a d’abord résonné comme une histoire des familles et en particulier des familles nobles, des familles de notables, de ces familles qui ont compté dans les provinces. C’est une histoire généalogique, qui cherche à distinguer les ancêtres, retracer les liens familiaux dans une histoire érudite locale très évènementielle du début du XXe siècle4.
Dans les années 1960-70, les historiens abordent le thème de la famille à travers le prisme de la démographie historique avec un intérêt pour l’effectif familial, la composition – le nombre de personnes par foyer ou feu – catégorisant des familles restreintes, élargies, nucléaires, souches… en tentant souvent d’en donner une explication géographique, économique, historique. Cette catégorisation se réalise à travers un modèle dominant, majoritaire dans l’espace étudié mais très relatif (la moitié des structures étudiées n’étant pas atteinte, bien souvent, lorsqu’il s’agit de déterminer le modèle familial dominant). Ces statistiques amènent une étude de l’évolution de ces structures, de leur répartition dans l’espace, allant à s’opposer, ou en tout cas à nuancer les théories et catégorisations du XIXe siècle de Frédéric Le Play, notamment sur la rigidité des structures restreintes ou élargies, ainsi que leur évolution pour une même famille dans le temps, selon les étapes de la vie de la famille et de ses membres.5.
Ce sont de ces études statistiques et démographiques que viennent aussi les études sur les comportements familiaux et les dynamiques sociales : fécondité des familles, la mortalité (infantile ou adulte), mariages…, comportements démographiques et familiaux dont on retrouve la description dans les synthèses ou bien dans les manuels évoquant la société à l’époque moderne (voir même la France à l’époque moderne pour des données globales). Cette Histoire de la famille est bien d’abord une Histoire de « l’intérieur » de la famille (effectif, composantes…).
A partir des années 1970, l’apparition de l’histoire des mentalités ouvre de nouvelles perspectives aux études sur la famille : Philippe Ariès part de la démographie et s’intéresse à la place de l’enfant, en partant de la démographie et en croisant ses observations avec les représentations de l’enfance et de l’enfant, apportant à la démographie une approche sociale et culturelle : il analyse les causes et les conséquences de l’éloignement de l’enfant du foyer par la mise en nourrice, aboutissant à une analyse de l’attachement à l’enfant ou de l’absence d’attachement, construite notamment autour de la surmortalité infantile6.
Suivent bientôt des études sur la place des femmes (Michèle Perrot). Les années 1960 ont montré d’ailleurs la place importante de la mère dans la transmission des valeurs de la famille, des récits familiaux, de l’éducation et du savoir7.
Ces années sortent l’Histoire de la famille du seul domaine démographique, reprenant les méthodes et les usages des anthropologues, pour analyser les représentations de la famille et notamment sa place dans la société.
Enfin à la fin du XXe siècle, les historiens sortent l’histoire de la famille du domaine de la vie privée, pour montrer les liens entre famille et vie publique : ils font rentrer la famille dans le domaine politique, c’est le début d’une « histoire sociale du politique » (Guy Saupin8). En fait, tout part d’une étude des élites espagnoles de l’Ancien régime : les chercheurs comprennent que l’on ne peut expliquer l’arrivée aux fonctions de commandement d’élites locales espagnoles qu’en croisant le dossier de ces élites avec des dossiers généalogiques, montrant en quoi la famille a une place importante dans l’accession à une parcelle du pouvoir politique. Les études régionales et locales suivent ainsi ce mouvement avec une approche familiale des élites au pouvoir9. Pour le Limousin, entre le XVIe et le début du XVIIe siècle, celle de Michel Cassan dans Le temps des guerres de religion analyse notamment le rôle des familles protestantes et catholiques dans la diffusion du protestantisme ou l’action de la Contre-Réforme, comme le rôle des familles au pouvoir au consulat pour le maintien de la paix à Limoges.
Malgré ces études, la famille à l’époque moderne reste aujourd’hui un champ des recherches peu représenté : une synthèse de Stéphane Minvielle chez Armand colin en 2010 (La famille à l’époque moderne), quelques passages dans La population française à l’époque moderne de Scarlett Beauvalet-Boutouyrie (chez Belin, réédition en 2008). Mais ces travaux cachent un réel manque : dans le numéro des collections de l’Histoire paru en juillet 2016 (La Famille dans tous ses états, de la Bible au mariage pour tous), seuls deux articles concernent l’époque moderne, un article sur les mères de famille de Jean-Pierre Bardet et un article sur l’enfant au temps des Lumières de François Lebrun : articles étant en fait des reprises de mêmes articles publiés en 2000 et 2006. Accompagné d’un encart sur les funestes secrets publiés par François Lebrun en 1984.
Aujourd’hui, les historiens modernistes s’intéressent à la famille dans plusieurs directions.
D’abord, en ce qui concerne la démographie historique et les structures familiales, les chercheurs mettent plutôt en avant une composition de la famille qui varie selon les cycles de la vie, les âges des membres, le statut de ses membres. Ces études restent encore très globales et placent le Limousin dans un entre-deux, entre famille élargie et famille restreinte. De plus, les chercheurs ont souvent cherché à s’intéresser au milieu rural, se désintéressant quelque peu des milieux urbains, pourtant représentés en Limousin et offrant une bonne comparaison de différents comportements.
L’étude de la fécondité des couples reste aussi en chantier, notamment pour la période antérieure à 1650, souvent par manque de sources : Stéphane Minvielle appelle à une étude différenciée, mais aussi plus locale et moins nationale de la fécondité afin d’en comprendre les enjeux, les problématiques (bourgeoisie/pauvreté, contrôle de l’héritage, forte mortalité infantile, mise en nourrice, âge tardif du mariage…).
Les chercheurs ont repris aussi l’histoire des mentalités pour s’intéresser aux relations au sein de la famille : la place de chaque membre, les liens entre chaque membre, le statut de chaque membre… dans la famille et dans la société. Ce sont les études sur la place des « parents », « pères » et « mères » dans la famille, le lien éducatif, affectif, son existence ou son absence entre les parents et leurs enfants. Des études récentes, celles de Vincent Gourdon pour les grands parents et celles de Marion Trévisi sur les oncles et tantes, montrent la force des liens, leur diversité.
On retrouve ainsi une approche culturelle : celle de la représentation de la famille, mais aussi des membres de la famille. C’est-à-dire l’étude de la construction des fonctions au sein de la famille, de la construction sociale et culturelle de la place et du statut de chaque membre de la famille, s’approchant de la construction des genres (Scarlett Beauvalet-Boutouyrie et Emmanuelle Berthaud, Le Rose et le bleu, 2016). Une approche qui se révèle être aussi économique avec notamment la circulation des biens au sein de la famille, et par exemple en cas de veuvage.
L’historiographie de la famille profite aussi aujourd’hui de l’étude renouvelée des réseaux, notamment dans une approche sociale de l’histoire politique : comment la famille et les liens familiaux prennent-ils place au sein des réseaux ? C’est l’étude des mariages, des alliances… mais qui prend aussi place dans une vision élargie de la famille avec le parrainage par exemple. En fait, le fonctionnement des réseaux, notamment parmi les élites urbaines ou rurales, permet de nuancer le concept de « stratégies familiales » : les familles n’adoptent pas forcément de stratégies globales et se servent de réseaux familiaux comme de réseaux d’amitiés, professionnels, religieux, confraternels10.
Enfin la famille semble rester dans l’historiographie récente un domaine secondaire de nombreux thèmes de recherche, nouveaux, innovants.
Les émotions : la famille est une communauté émotionnelle selon les définitions de Barbara Rosenwein, mais aussi Dominique Boquet et Piroska Nagy11, c’est-à-dire d’un groupe de personnes, qui partagent des émotions, un partage dans un sens de communauté de valeurs, de sentiments. Une communauté émotionnelle, étudiée surtout pour le Moyen âge (voir le chapitre de Didier Lett concernant la parenté et les émotions dans la récente Histoire des émotions, tome 1, au Seuil, dirigé par Georges Vigarello en 2016), mais peu analysée au niveau local, même bien que les études historiques locales montrent le partage de rituels, de cérémonies communes (études sur les confréries où certains membres de mêmes familles se retrouvent), d’évènements communs (baptême, mariage). Il s’agit d’une approche complexe, notamment parce que les émotions ne sont pas visibles toujours par les ego-documents, parmi les seules sources directes de ces émotions pour l’époque moderne12.
Autre thème intéressant : la redéfinition de l’histoire politique et de l’histoire religieuse, à travers une marotte personnelle : par exemple, Frédéric Meyer appelle à une étude de la « maison de l’évêque », dans le sens de « famille élargie » de l’évêque, puisque l’évêque ne peut avoir que des ascendants, des frères et sœurs, oncles, tantes, mais pas de descendance, mais forme une « maison », non pas au sens de ménage, mais dans un sens de vie en communauté13.
Guy Saupin appelle aussi à une histoire sociale du politique, notamment en étudiant les réseaux familiaux restreints et élargis des élites urbaines.
C’est aussi une approche sociale de la famille dans un sens très élargi, plus seulement dans le sens des liens parentaux, mais aussi dans le sens des familles élargies : c’est le cas de l’étude des parrains et marraines (Vincent Cousseau et Vincent Gourdon14), même si les parrains et marraines sont souvent issus de la même famille. Ce peut être aussi l’étude des « ménages », des « foyers », qui ne recoupent pas toujours des membres d’une même famille. C’est enfin, entre autres pistes, la question des enfants illégitimes, celle de l’extra-conjugalité.
Enfin l’Histoire de la famille est aussi une histoire du quotidien, de l’intérieur des maisons, de la vie au jour le jour, qui croise l’histoire intime et l’histoire familiale (notamment Le Quotidien de l’ancienne France dirigé par Michel Figeac).
Reste, pour conclure, que la famille limousine ou marchoise à l’époque moderne reste peu étudiée, même dans son approche sociale ou démographique : beaucoup de lacunes, en tout cas peu d’approche globale ou synthétique des structures familiales – j’ai relevé quelques travaux, notamment des auteurs de RHL, qui abordent la thématique, par exemple lors de la publication de l’étude sur le village limousin. Pour terminer, il faut évidemment noter que ces renouvellement historiographiques récents ou ces nouveaux centres d’intérêt pour la famille sont aussi très liés et dépendants à la question des sources à disposition et de leur relecture (livres de raison, livres de comptes, listes de consuls ou de diverses fonctions sur les réseaux, actes notariés, registres paroissiaux, littérature…).
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3/ La famille à l’époque contemporaine
Bilan historiographique et pistes de recherche
Nathalie Sage Pranchère
Les apports de la démographie historique
La mise au point des méthodes de reconstitution des familles de Louis Henry dans les années 1950 et de description des ménages développée par Peter Laslett au sein du groupe de Cambridge dans la décennie suivante ont permis de mettre en valeur deux réserves de matériau archivistique majeures : les registres paroissiaux et registres d’état civil d’une part, et les recensements de populations d’autre part. Ces recherches ont permis d’éclairer le fonctionnement des couples, l’évolution de la fécondité, les modes de co-résidence (en particulier pour la seconde). Elles ont aussi permis de préciser les rythmes de la matrimonialité, la durée des unions et les âges moyens au mariage. De ce point de vue, le Limousin apparaît comme une région de mariage précoce (Peyronnet) au XIXe siècle du moins. Il serait intéressant d’affiner cette approche en pesant plus précisément le taux de mariage et de célibat, en suivant l’évolution de l’âge tout au long de l’époque contemporaine, en voyant quel impact cette précocité a sur la taille des familles (pour le début du XIXe, JC Peyronnet signale un phénomène de « stérilité » des adolescentes). Au-delà, la question de l’émergence des pratiques contraceptives, bien montrée dans une région comme la Normandie dès le dernier quart du XVIIIe siècle (Bardet), permet aussi de mettre en lumière la capacité d’une population à produire sa propre définition de la taille acceptable d’une famille. La rencontre en Limousin d’une tendance déchristianisatrice de fond et d’un renouveau catholique voire protestant porté par la hiérarchie ecclésiastique locale ou par des missions a forcément un impact sur la formation des familles, le discours sur la fécondité conjugale, etc.
L’évolution démographique et des structures familiales au XXe siècle mérite aussi d’être explorée pour mesurer concrètement l’effet de phénomènes comme le baby-boom, l’exode rural ou les rythmes de la déprise vis-à-vis du conformisme religieux (évolution des naissances hors mariage, des divorces, etc.). Des temps particulièrement marquants du siècle pourraient être éclairés pour voir comment le Limousin s’inscrit (ou non) dans une évolution nationale : l’après 1914-1918 sur le devenir des couples (veuvages, remariages, prise en charge des orphelins, divorces…).
Extrêmement riches respectivement, les méthodes traditionnelles d’approche de l’histoire des populations et de la famille se complètent puisque la méthode Laslett permet de faire émerger les ménages solitaires et de resituer la place des célibataires et des isolés en général dans la société (voir Scarlett Beauvalet sur les veuves). La France présente toutefois d’importantes lacunes dans le type de sources essentiel à la compréhension du fonctionnement des ménages. Pour l’époque moderne, les recensements de population sont rares et plus rarement encore continus (exception de la ville de Charleville-Mézières en cours d’étude, GDR Charleville). La période contemporaine a inauguré la pratique des listes nominatives de recensement de population, élaborées à un rythme théorique quinquennal, qui permet lorsque ces listes sont conservées de dresser le portrait d’une population à une date spécifique. Les aléas de la conservation archivistique constituent toutefois un obstacle important à ces études puisqu’une circulaire avait préconisé la destruction de ces listes nominatives pour la période antérieure à 1906. Pour le XIXe siècle, on dispose donc aujourd’hui de listes éparses, conservées de façon exceptionnelle lorsque les archivistes n’ont pas appliqué la circulaire, ou issues des dépôts d’archives municipales qui détenaient des doubles de ces listes nominatives.
L’approche de l’étude de la famille par l’étude de la co-résidence a permis de souligner la prédominance du modèle de la famille nucléaire en Europe de l’Ouest, tout en éclairant des régions de modèles alternatifs, ou plus précisément des régions où les familles polynucléaires ou élargies sont particulièrement nombreuses. De ce point de vue, le Limousin a été traditionnellement présentée comme une terre de familles élargies et de frérèches à l’époque moderne. Il serait intéressant de voir à partir des listes nominatives dont on dispose encore dans la région et en poursuivant les travaux de Jean-Claude Peyronnet (1975) si ce modèle de co-résidence élargi perdure pour le XIXe voire la première moitié du XXe siècle. Les études sur les modes de résidence ont généralement été mises en relation avec les coutumes successorales et le devenir du ou des héritier(s). La correspondance entre région de droit écrit ou de droit coutumier et façon d’habiter a parfois été appliquée de manière un peu automatique et des travaux plus récents sur les pratiques de transmission des biens non successorales ont montré la capacité des populations à user de la coutume ou du droit à leur profit, voire à les contourner pour favoriser un héritier ou au contraire pour rétablir un certain équilibre entre les enfants. De ce point de vue, les travaux sur la transmission des biens et les règles qui y président (Jérôme Luther Viret, Marie-Pierre Arrizabalaga) ont bénéficié de l’apport des recherches sur le marché foncier (Fabrice Boudjaaba). L’établissement du code civil n’a pas fondamentalement modifié les pratiques de transmission, et il serait sur ce point intéressant d’étudier le recours au préciput, les contrats de fermages intrafamiliaux, les dots, tous éléments qui se retrouvent dans les archives notariales.
L’étude de la parenté
Les travaux menés à partir des méthodes Henry et Laslett ont pour corollaire d’éclairer les liens produits par l’alliance et la co-résidence. Ils laissent en partie dans l’ombre le rôle de la parenté au sens large, parenté extérieure au couple conjugal et parenté extérieure au domicile familial. Le développement des études sur les réseaux de parenté a permis de resituer le rôle des collatéraux (Marion Trévisi), de la parenté élargie, du voisinage dans le fonctionnement familial et dans les stratégies de reproduction sociale. Ces études (Gourdon, Beauvalet) se sont appuyées sur la place occupée par les témoins dans les principaux événements de la vie familiale (baptême, naissance, mariage, décès pour ce que l’on trouve dans les registres d’état civil et de catholicité ; contrat de mariage, d’apprentissage, testament, donation, legs, vente, etc. dans les archives notariées). Elles ont montré à l’échelle nationale une familialisation de certains rites (baptêmes, mariages), le recours aux témoins et le calendrier des cérémonies prouvant le recours plus fréquent à la parenté, au détriment de stratégies de clientèle ou de patronage. Sur la question du baptême, il pourrait par ailleurs être intéressant de mesurer la place des baptêmes laïcs/républicains en Limousin, étant donné la multiplicité des communes communistes et socialistes à partir de la fin du XIXe siècle : cela permettrait de montrer (ou non) une spécificité dans le recours à la parenté de ce mode de parrainage par rapport au parrainage religieux.
L’évolution de l’espérance de vie, la réduction progressive de la mortalité infantile ont multiplié les occasions de cohabitation et les relations à l’intérieur de la parenté : avec les grands-parents (Gourdon), avec les frères et sœurs (Boudjaaba, Dousset, Mouysset). Dans le cas du Limousin où la place de la parenté élargie semble déjà importante au sein du lieu de résidence, il vaudrait la peine de voir si celle-ci coexiste avec un fonctionnement en réseau serré avec le reste de la parenté non corésidente, montrant ainsi une accentuation de l’importance de la famille ou au contraire une familialisation moins marquée car préexistante.
Cette étude de la parenté permet aussi de nuancer la question de la solitude et de l’isolement (célibat, veuvage, maternité illégitime) en montrant la capacité de prise en charge par les familles, l’intégration des enfants illégitimes (Isidro Dubert) et la mobilisation familiale autour des parents âgés (travaux de Michel Oris sur la vieillesse). Sur ce plan, la réouverture du dossier sur la maternité illégitime, déjà étudiée pour la Corrèze par le biais de l’accouchement marginal qu’est l’accouchement hospitalier (N. Sage Pranchère), pourrait permettre d’éclairer l’intégration de ces femmes et de ces enfants dans la société limousine en s’inspirant des travaux produits sur la Dombes (Guy Brunet).
L’apport de la pluridisciplinarité (anthropologie) a permis d’ouvrir les questionnements historiographiques sur les motivations de l’alliance et leur inscription dans des stratégies familiales sur plusieurs générations : redoublements et renchaînements d’alliance. D’abord appliquées aux classes les plus aisées de la société (Cyril Grange sur le bottin mondain et sur les élites juives parisiennes), ces approches peuvent être utilisées pour saisir l’intrication des configurations familiales et des stratégies patrimoniales en milieu rural. Elles permettent d’interroger la place de la consanguinité et la conscience plus ou moins claire qu’en ont les acteurs des alliances (recours à la dispense ecclésiastique). Dans le cas du Limousin, elles peuvent éclairer d’éventuelles différences de pratiques entre zones de migration (Creuse) et zones plus sédentaires. Ces alliances à l’intérieur de la parenté posent en contrepoint la question de l’exogamie (proche : le village, le canton voisins ; ou lointaine : avec un étranger au département voire au pays). La question des mariages interconfessionnels (traitée par Pascal Texier pour la communauté juive limougeaude dans le volume circulations, non ?) peut être évoquée pour les alliances entre protestants (je pense à la communauté de Madranges en Corrèze) et catholiques.
Parcours individuels et cycles de vie
Dernier point qu’il est possible d’évoquer dans ce bref tour d’horizon historiographique : l’importance accordée désormais à la notion de parcours individuel et à celle de cycle de vie (numéro spécial des Annales de démographie historique sur Domesticité et parcours de vie, 2009/1). L’approche quantitative des débuts de la démographie historique a été fortement bousculée par l’émergence d’autres méthodes historiques parmi lesquelles la micro-histoire (héritée de la microstoria italienne). L’objectif fut de remettre au cœur de la réflexion le rôle de l’individu, son agentivité et de montrer la diversité des parcours au sein d’une même génération familiale (fratrie) ou à l’échelle intergénérationnelle (reproduction à l’identique du statut socio-professionnel, reproduction « améliorée » ou changement complet). Associée à la notion de cycle de vie, cette approche par l’individu permet de souligner l’importance du rang de naissance, d’affiner le fonctionnement familial en fonction de l’âge des membres du groupe familial, du nombre d’enfants à charge ou de parents à charge, de l’évolution de l’accumulation patrimoniale. Elle permet d’apporter un éclairage longitudinal qui restitue la complexité des parcours et nuance le caractère monolithique des modèles familiaux. L’événement familial (décès d’un des parents, décès d’un ou plusieurs enfants, migration de certains membres du groupe familial) retrouve pleinement sa place dans cette approche et les réactions qu’il suscite illustrent les capacités d’adaptation et/ou de résilience de la famille. Dans le cas du Limousin, cela invite par exemple à repenser la place des migrations temporaires dans le fonctionnement familial sur plusieurs générations : qui part ? quelles conséquences sur les alliances ? quand revient-on ? quel mode de résidence quitte-on et quel mode de résidence met-on en œuvre au retour ?
Cette approche par le parcours et le cycle de vie a aussi servi à mettre en lumière la place des femmes dans le fonctionnement familial (numéro spécial des Annales de démographie historique sur « Itinéraires féminins », 2006/2). Même si personne ne s’arrête plus à l’image de « la femme corrézienne, dure à la tâche, qui mange debout derrière son mari »…, la réputation de traditionnelle misogynie des milieux ruraux limousins invite à revenir sur la place des femmes dans les fonctionnements familiaux, leur capacité à transmettre un patrimoine matériel et immatériel et leur espace d’autonomie.
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Réunion des médiévistes (28 mai 2016)
Présents : Claude Andrault-Schmitt, Pauline Bouchaud, Robert Chanaud, Catherine Faure, Luc Ferran, Bruno Lamiges, Martine Larigauderie, Évelyne Proust, Thomas Schneider.
Concernant le thème de la famille, qui pourtant avait suscité au départ le plus d'adhésions sur l'ensemble des périodes, les participants à la réunion n'ont pas de projets personnels. On compte donc particulièrement sur la force de proposition de Christian Rémy et David Glomot notamment (ainsi que Thomas Schneider sous réserve de trouver un angle d'attaque compatible avec ses autres projets).
Réunion d'histoire moderne et contemporaine (18 juin 2016)
Présents : R. Chanaud, P. Chartagnat, C. Faure, Ph. Grandcoing, M. Kiener, B. Lamiges, M. Tandeau de Marsac.
On note qu'un ouvrage sur la famille dans l'espace du Limousin aurait des chances de trouver son public au plan régional.
Pistes de réflexion :
* revoir Laird Boswell, Le communisme rural en France (Pulim, 2006)
* les relations hommes/femmes ; les femmes au travail ; en filigrane, la question du genre
* les émotions/ les communautés émotionnelles
* M. Kiener : persistance de l'endogamie dans certains milieux sociaux : le milieu artisan... la promotion sociale par le travail
* l'endogamie du milieu artisan
* l'endogamie chez les officiers moyens (contacter Vincent Meyzie)
* les enfants trouvés
* rapports entre les migrations et les structures familiales
* les stratégies familiales
* les familles recomposées ; le parrainage
Propositions :
- R. Chanaud : structures familiales et système de parenté d'après les listes nominatives de recensement (pour un travail collectif)
- D. Glomot : les frérèches au MA dans la Marche
- B. Lamiges : en relation avec D. Glomot, les frérèches à partir des lettres de rémission fin du MA. (corrélation avec les limites du droit ?)
- N. Sage-Pranchère : l'illégitimité
- A. Mangaud : les familles de bouchères
- Ph. Grandcoing : Le Play (comment la structure foncière détermine une forme de famille particulière ?) ; les familles dysfonctionnelles: les cas de parricides
- M. Tandeau de Marsac : la famille de Royère (endogamie papetière à Saint-Léonard, XVII-XIXe)
- M. Kiener : les constellations familiales (Delépine), en collab. avec Th. Schneider pour le MA ; l'endogamie du milieu artisan, en collab. avec M. Tandeau de Marsac.
- D. Danthieux : examen des théories sur les liens entre famille élargie et communisme
- P. Bousseyroux, plusieurs pistes : la naissance de la CAF, la mutualité au XIXe et la protection des familles, le Secours National et la promotion de l'image de la famille selon le régime de Vichy
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La famille : premières réflexions (2015-septembre 2016)
R. Chanaud :
Personnellement je serais tenté par un travail sur les structures familiales dans la lignée des travaux déjà anciens de Todd et Lebras (L'invention de la France ; La troisième planète ; etc). Quelle géographie dessinent les variations de la structure familiale (nucléaire, élargie, etc.) à l'intérieur de l'espace limousin ? Ceci dans l'optique, n'ayons pas peur des mots, d'une anthropologie des campagnes limousines. Cela passerait par un large dépouillement des listes nominatives de recensement du XIXe, qui ne peut guère qu'être un travail collectif.
Plus généralement sur l'histoire familiale, voir entre autres : Lemercier Claire, « Renouveler l'histoire de la famille. », Informations sociales 3/2008 (n° 147) , p. 94-103 (www.cairn.info/revue-informations-sociales-2008-3-page-94.htm).
Nathalie Sage-Pranchère :
La thématique de la famille compte parmi mes sujets de prédilection (à côté des sages-femmes), je sors d'ailleurs d’un séminaire d’histoire de la famille. C’est un champ aujourd’hui très dynamique, très internationalisé et le Limousin pourrait draîner des collègues non limousins de résidence actuellement, comme Guy Brunet (université Lyon-2) qui est creusois d’origine. Peut-être serait-il intéressé ?
J’avais au cours de ma thèse interrogé la question de l’illégitimité et des structures familiales qu’elle pouvait sécréter. Je n’ai guère pu reprendre ce travail depuis mais je ne désespère pas de le faire un jour pour éclairer ce que pouvait pour le Limousin des parcours du type de ceux étudiés par Guy Brunet pour la région lyonnaise et la Dombes. Par ailleurs, j’avais fait travailler mes étudiants de L3 à Paris IV sur un recensement de communiants tullistes datés de 1721, trarail qui pourrait être repris en commun dans une optique d’étude des structures familiales tullistes en ce début de XVIIIe siècle.
Pascal Bousseyroux :
La famille est une thématique essentielle, bien dans "l'air du temps", et qui se prête à de très nombreuses approches, dont certaines bénéficient d'un renouvellement de l'historiographie, des travaux de Jean-Louis Flandrin à ceux d'Olivier Faron.
David Glomot :
Travailler sur le thème de la famille (familles élargies, frérèches et comparsonneries médiévales) me tente tout particulièrement.
Nicolas Lestieux :
Les thématiques de la famille et des structures familiales me semblent intéressantes, notamment l'aspect anthropologique ou celui de l'évolution de ces structures sur un même espace pendant une période donnée (ville, village, hameaux sur une période longue). Le thème de la famille permettrait aussi de recouper quelques renouvellement historiographiques : je pense par exemple à l'histoire des émotions avec la mise en avant de communautés émotionnelles (et en particulier des familles, voire Didier Lett, ou Damien Boquet), mais aussi à l'histoire culturelle avec les représentations de la famille (je ne sais pas si cela est possible avec les sources limousines ?). La famille pourrait aussi être envisagée dans la dimension des réseaux familiaux, de leurs manières d'agir, notamment au sein des institutions civiques et ecclésiastiques locales (en particulier dans les institutions religieuse, chanoines, familles épiscopales sur lesquels je me penche actuellement en suivant les travaux de Frédéric Meyer, Joseph Bergin...).
Catherine Faure-Delhoume :
Argumentaire sur la famille
La famille peut être historiquement définie comme l'ensemble des personnes qui se reconnaissent d'un même sang ou d'un même ancêtre et comme tous ceux qui vivent sous le même toit. Ce sont des groupes toujours institués dans un système de parenté15.
Même si elle repose sur un fondement biologique, la famille est un phénomène culturel et une institution sociale. Chaque société, en fonction de sa structure démographique, de son organisation et de ses croyances offre une image de la famille différente
Approche historiographique
1) D'une histoire sérielle de la famille
L'histoire de la famille a longtemps été considérée comme mineure, se limitant à celle des "grandes familles", qui avaient été souvent les seules à laisser des documents (livres de familles, généalogies, blasons...). Il faut attendre l'après guerre, grâce aux études sérielles de démographie historique, réalisées à partir des registres paroissiaux, permettant de reconstituer des familles, puis à l'essor de l'histoire des mentalités et de l'anthropologie historique, pour voir un intérêt croissant pour la vie de toutes les familles dans leur dimension biologique (natalité, fécondité, mortalité), économique (notion d'entreprise familiale) et affective (amour, sexualité...). Ces travaux ont permis de connaître, surtout pour l'époque moderne et le XIXe siècle, les rythmes des naissances, des mariages, des funérailles, les taux d'illégitimité, l'âge au mariage, le célibat..
En s'appuyant sur les premières histoires de la famille élaborées au cours du XIXe siècle (en particulier celle de Frédéric Le Play, L'organisation de la famille selon le vrai modèle signalé par l'histoire de toutes les races et de tous les temps parue en 1875), que l'Occident était progressivement passé d'une famille large et complexe, regroupant parfois sous le même toit plusieurs générations, à une famille étroite, "moderne", dite nucléaire, centrée sur le couple et les enfants à partir des XVIIe -XVIIIe siècles. Les ouvrages de Philippe Ariès (L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, 1960) et d'Edward Shorter (Naissance de la famille moderne, XVIIIe-XXe siècles, Le Seuil, 1975, trad. fse 1977) ont conforté cette position. Un ouvrage collectif paru en 1972, dirigé par Peter Laslett, Household and Family in Past Time, démontre que la famille étroite existe depuis très longtemps et a été le plus souvent la structure dominante, composée du couple conjugal et des enfants non mariés.
Les médiévistes privés de la richesse des registres paroissiaux, ont étudié les recensements fiscaux. En 1978, paraît Les Toscano et leurs familles, une étude du catasto florentin de 1427, dans lequel C. Klapisch-Zuber et D. Herlihy scrutent plus de 60000 foyers. Cet ouvrage représente l'aboutissement d'une longue tradition d'histoire sérielle mais en même temps fait le constat des limites du quantitatif et annonce le passage à une histoire des relations intrafamiliales. La dernière partie du livre se propose de mettre à jour le rôle social de la famille et de la parenté en faisant appel à un nouveau type de documentation : le livre de raison tenu par les marchands florentins. A partir des années 1970, les historiens commencent à écrire une histoire des sentiments et des sensibilités, à l'intérieur de la famille, entrant dans les foyers pour débusquer les comportements affectifs des couples, les relations parents-enfants et l'éducation familiale.
2) à une histoire des relations intrafamiliales
Depuis les années 1970, les historiens se sont rapprochés des anthropologues , en particulier en abordant l'étude de la parenté. En 1977, paraît sous la direction de Georges Duby et de Jacques le Goff un ouvrage intitulé Famille et parenté dans l'Occident médiéval, puis en 1986 un ouvrage interdisciplinaire sous la direction de deux historiens (André Burguière et Christiane Klapisch-Zuber), une sociologue (Martine Segalen) et une anthropologue (Françoise Zonabend). Cet ouvrage abordait toutes les époques et couvrait tous les continents.
L'alliance de l'histoire, de l'anthropologie et de la sociologie a permis aujourd'hui d'élargir la réflexion à la fois aux systèmes de parenté (étudiés par les anthropologues) et aux réseaux familiaux (sociologues).
Une œuvre fondamentale pour l'histoire du haut Moyen Âge est la thèse de Régine Le Jan qui lie ces trois domaines : Famille et pouvoir dans le monde franc16. Elle traite à la fois des mécanismes de parenté qui assurent la transmission de la noblesse à travers les formes de mariage et les stratégies matrimoniales. Elle étudie aussi les stratégies mises en œuvre pour entretenir le souvenir familial. Alors qu'on a longtemps centré l'étude de la famille sur le moment où sont présents de jeunes enfants, il faudrait déplacer l’attention vers la vieillesse, vers le veuvage comme a pu le faire Emmanuelle Santinelli dans sa thèse sur Des Femmes éplorées ? Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge17
Avec l'histoire de la famille on trouve un prisme pour aborder des thématiques telles que :
- l’affectif : comment envisager l’amour filial, parental, fraternel dans la famille ?
- le genre : Si la Gender History offre, pour l'histoire du Moyen Âge, une relecture des sources visant à mieux apprécier les relations entre les hommes et les femmes et donnant à voir une revalorisation de la place de la femme dans la société, la question de l'identité sexuée ne peut être traitée à part et doit être considérée comme un principe d'organisation qui rythme la vie sociale. Dans la société du Moyen Âge, les hommes utilisent les catégories du masculin et du féminin pour maintenir l'équilibre social et l'équilibre familial (que la femme soit veuve, moniale...).
- le droit : questions de la codification des héritages, des obligations légales de solidarité familiale,
- le corps : représentation et perception des corps des différentes entités familiales, père, mère, fils, fille, sœur, frère.
* les sources
hagiographie pour le haut MA
livres de raison (dans le prolongement des travaux de Jean Tricard) pour le bas MA et l'époque moderne
registres paroissiaux
à compléter....
Bibliographie:
G. Duby et J. Le Goff (dir.), Famille et parenté dans l'Occident médiéval, Rome, EFR, 1977.
A. Burguière, C. Klapisch-Zuber, M. Segalen et F. Zonabend (dir.), Histoire de la famille, 2vol. Paris, Armand Colin, 1986
Didier Lett, "Famille", dans Claude Gauvard, Jean-François Sirinelli (dir.), Dictionnaire de 'l'historien, PUF, 2015, p. 282-285
Irène Théry, « Histoire de famille », La revue pour l’histoire du CNRS [En ligne], 24 | 2009, mis en ligne le 05 octobre 2009, consulté le 05 mai 2016. URL : http://histoire-cnrs.revues.org/9084
Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe-Xe siècle): Essai d'anthropologie sociale, Publications de la Sorbonne, Paris, 1995.
Emmanuelle Santinelli, Des Femmes éplorées ? Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2003.
Vincent Cousseau
est intéressé par le thème de la famille. Il ajoute que a question du parrainage, activement explorée depuis quelques années par les chercheurs en Europe et en Amérique, pourrait aussi être une piste de travail collectif, dans le prolongement de travaux pionniers de RHL sur la prénomination.
Jean François Boyer :
Les thèmes sont intéressants, mais j'avoue avoir une préférence pour celui de la famille. Je me demande si à partir des bases de données (lieux, personnes, circonscriptions...) dont je dispose désormais pour les VIIIe-Xe s. pour la région (Poitou, Limousin, Angoumois, Saintonge, Périgord), je ne pourrais pas tenter (je dis bien tenter) une étude sur les familles de vicarii, subvicarii et autres agents subalternes. Avec bien sûr, toutes les limites imposées par la qualité des sources du haut Moyen Âge. Le problème est que cela risque d'être un peu moins limousin que poitevin... A voir.
Agnès Mangaud
Les thématiques proposées me semblent intéressantes mais une recherche sur la famille me tenterait particulièrement. Je travaille actuellement sur les bouchers ruraux d’ après-guerre à partir d’ entretiens. Ma recherche est pour l’instant généraliste mais j’ approfondirai volontiers sur la famille bouchère et notamment sur la place de la femme.
En ce qui concerne le rapport au temps, je pourrai tenter une étude sur la transmission du savoir et du savoir-faire dans ce corps de métier qu’est la boucherie ( si cela peut prendre place dans cette thématique).
Voici quelques réflexions rapides à partir d’un travail que j’ai débuté avec l’aide de Michel Kiener mais je suis prête à participer à une recherche plus élargie sur les listes nominatives de recensement par exemple.
Nicolas Lestieux : Une histoire des familles et des structures familiales
Je m’écarte de l’histoire sociale des structures familiales qui ont déjà été très évoquées, pour donner quelques autres pistes sur ce thème de la famille, dans un sens plus large ou dans des aspects plus culturels (toujours dans une période moderne…) sur lesquels je pourrais m’engager à travailler.
Aspects culturels :
Il pourrait être intéressant de s’intéresser aux représentations artistiques de la famille dans plusieurs contextes et types d’œuvres pour en regarder l’évolution. (sources : base Joconde et surtout la connaissance des œuvres locales : églises, sculptures, tableaux…).
Pourquoi ne pas aussi s’interroger sur la représentation de la famille dans les écrits historiques, de fiction (souvent les grands personnages, les dynasties, les familles ducales, vicomtales… dans les Histoires du Limousin écrites du Moyen âge à l’époque contemporaine) pour en observer les valeurs mises en avant, les modèles, les contre-modèles, l’évolution de mêmes familles à des époques différentes (je pense par exemple à Aliénor d’Aquitaine, ses enfants, ses époux pour laquelle j’avais tenté quelques analyse pendant mes études de master…)..
La famille dans un sens plus large :
On pourrait s’intéresser aussi aux familles élargies : confréries, famille épiscopale… justement des termes qui interrogent le mot « famille » (voir les travaux de Meyer sur la famille épiscopale dans le sud-est de la France, dont les conclusions m’intéressent notamment pour leur vérification à l’échelle du diocèse de Limoges, recherches que j’ai entamées récemment).
D’après les quelques observations que j’ai pu réaliser de lectures d’ouvrages locaux et de recherches aux archives départementales, au sein de la famille épiscopale se trouvent aussi des familles qui perdurent à des places importantes (vicaire général, théologal…) : Benoit, Boyol… (que j’ai commencés à étudier). Leur étude serait intéressante pour montrer comment ces familles se structurent pour obtenir une place au sein de la hiérarchie urbaine, pour la conserver… Et on resterait ici au sens strict de la famille avec des « études de cas » qui pourraient être réalisées à différentes époques (je ne sais pas si cela est possible pour le Moyen âge ou l’époque contemporaine).
Cela pourrait amener à s’intéresser aux familles émotionnelles : comment à l’époque moderne, face aux divisions religieuses, la société se restructure-t-elle autour d’émotions, de sentiments... qui forment de véritables familles se reconnaissant à travers de rituels, cadres, valeurs…
1D. Lett,
Famille et parenté dans l’Occident médiéval Ve-XVe siècle, Paris, Hachette, collection « Carré Histoire », 2000.
2Il faut citer des travaux généalogiques solides et sérieux du groupe des Généalogies limousines et marchoises dirigés Ruchaud, Jean-Louis et al., Généalogies limousines et marchoises, Mayenne, Éditions régionales de l’Ouest, 1982-2016, 20 vol.
3 Ce bilan historiographique des études de la « famille » à l’époque moderne était d’abord destiné à une intervention orale lors de l’assemblée générale de RHL. Pour un bilan historiographique plus complet, voir notamment Jean-Philippe Luis, « La famille comme objet historique en histoire moderne et contemporaine », dans Pascale Auraix-Jonchère, Balzac et consorts : scénographies familiales des conflits historiques dans le roman du XIXe siècle, BRILL RODOPI, 2015
4 Nobiliaire de l’abbé Nadaud par exemple, le Dictionnaire des familles nobles et notables de Corrèze de Champeval (1911-1913) ou plusieurs articles d’érudits locaux (BSAHL ou BSSHAC : pour les Cars-Peyrusse par Champeval en 1892, tome XIV)
5 Henriette Dussourd, Au même pot et au même feu… Etude sur les commuanutés familiales agricoles au Centre de la France, Moulins, 1962 ; pour l’Ancien régime en Occident, en France et en Limousin, synthèse d’André Burguière dans le tome 3 de Histoire de la Famille dirigé par Burguière, Klapish-Zuber, Segalen et Zonabend dans les années 1980. Mais aussi les travaux pionniers de Peter Laslett et du groupe de Cambridge dans les années 1960 ainsi que ceux de Leroy-Ladurie
6 Philippe Ariès, L’Enfant et la vie familiale dans l’Ancien régime, 1976
7 Pistes de recherche par François Lebrun dans le tome 3 de Histoire de la Famille dirigé par Burguière, Klapish-Zuber, Segalen et Zonabend dans les années 1980
8 Saupin (dir), Une histoire sociale du politique, Rennes, 2010 mais en 1996 une étude sur Nantes
9 Voir les travaux de Laurent Coste, notamment sa synthèse Le lys et les chaperons, mais aussi l’ouvrage qu’il a dirigé en 2010, Liens de sang, liens de pouvoir (Rennes, 2010).
10 Voir notamment les pistes de recherches données par Claire Lemercier mais aussi Pierre-Yves Beaurepaire sur les réseaux au siècle des Lumières.
11Sensible Moyen âge paru en 2016, mais parution en octobre d’une Histoire des émotions.
12 Toutes les recherches sur les livres de raison, et notamment la synthèse de Sylvie Mouysset qui évoque l’absence de sentiments et d’émotions dans les livres de raison (Papiers de familles, Rennes, 2008)
13 Meyer, La Maison de l’évêque
14 Notamment Vincent Gourdon, « les élites et le parrainage en France des débuts de l’époque moderne au XIXe siècle », et Etienne Couriol, « Elites, baptêmes et parrainage à Lyon au XVIIIe siècle », dans Coste, Minvielle, Mougel (dir.), Le Concept d’élites, en Europe de l’Antiquité à nos jours, 2014